VR Autism, la réalité virtuelle pour soulager l’anxiété sociale
Créer une application de réalité virtuelle afin de pouvoir aider les personnes atteintes d’autisme à améliorer leurs capacités à communiquer avec autrui : voilà le concept porté par VR Autism, projet lauréat des Master Projects 2022 dans la catégorie « Intelligence numérique », porté par Elsa Beurrier, Chloé Chkair et Julien Panteri (ESME promo 2022).
Chloé et Julien lors de la remise du prix des Master Projects
Votre projet VR Autism fonctionne via la réalité virtuelle. Que se passe-t-il quand la personne atteinte d’autisme s’équipe d’un casque VR et lance l’application ?
Chloé Chkair : VR Autism utilise des scénarios réalistes du quotidien. La personne va ainsi se retrouver dans un environnement où il va y avoir plusieurs étapes. Lors de chacune de ces étapes, l’utilisateur va devoir parler à quelqu’un et, pendant la discussion, plusieurs choix vont se présenter à lui, chacun de ses choix entraînant une conséquence différente. Le but est vraiment de pouvoir améliorer sa communication et l’aider dans sa vie quotidienne en soulageant son anxiété sociale.
Julien Panteri : L’idée est de lui permettre d’apprendre les bons comportements sociaux. En effet, discuter en face à face avec quelqu’un peut représenter un problème pour une personne atteinte d’autisme – elle va, par exemple, discuter quasiment visage contre visage, n’ayant pas à l’esprit la distance sociale à respecter. Nous, avec VR Autism, on lui apprend à mieux comprendre ça, en utilisant notamment des personnages qui vont, en réaction à son comportement, prendre des poses gênées ou dire certaines choses l’incitant à peut-être s’éloigner un petit peu. L’objectif n’est pas de lui donner la solution directement, mais de lui indiquer.
Comment est né ce concept ?
Julien Panteri : Ce projet est né en 2021 suite à notre participation à un hackathon mené avec le CHU de Montpellier, lors duquel on devait présenter des solutions théoriques à ce problème de l’autisme et imaginer comment utiliser une nouvelle technologie pour y parvenir, dont la réalité virtuelle. Comme le projet a beaucoup plu à Yasmina Chenoune (enseignante-chercheuse et responsable de la Majeure Biotech & Numérique à l’ESME) ainsi qu’au docteur Alexandre Yailian, pédopsychiatre au sein du CHU, il a été décidé de le poursuivre de manière pratique.
Pour apprendre à ces personnes à mieux interagir en société et à mieux comprendre les comportements, l’importance de la communication, est-ce que vous avez pu vous appuyer sur des travaux existants ?
Chloé Chkair : En fait, il y a déjà trois études connues sur l’autisme intégrant justement la réalité virtuelle, sur lesquelles nous avons essayé de nous appuyer afin de développer le concept. D’ailleurs, ce projet tient particulièrement à cœur au Dr Yailian qui souhaite encore le voir se poursuivre. Il estime que le sujet est très important et qu’à l’heure actuelle en France, il n’y a pas encore quelque chose de très développé à ce niveau !
Julien Panteri : Nous voulions vraiment pouvoir créer l’application avec lui, pour l’aider à franchir une première étape. Le Dr Yailian est maintenant à la recherche de financements afin de pouvoir aller encore un peu plus loin. Il compte aussi sur d’autres étudiants de l’ESME pour encore pouvoir le continuer et le développer les années suivantes.
Justement, savoir que l’on a pu, durant ses études, s’investir sur un projet qui va continuer à vivre, à grandir, cela doit être gratifiant, non ?
Chloé Chkair : Bien sûr, d’autant plus quand le projet en question est associé à une démarche solidaire ! Voir VR Autism passer un cap serait vraiment très positif pour les personnes atteintes d’autisme, pour améliorer leur confiance en elles. Cela nous ferait plaisir à tous au sein de l’équipe que de voir le projet se poursuivre !
Au-delà du côté humain, qu’avez-vous le plus apprécié durant la réalisation du projet ?
Julien Panteri : Pour ma part, ce sont les solutions qu’on a dû trouver sur le logiciel Unity et le fait de constamment devoir rechercher et innover pour arriver à nous adapter aux différents problèmes rencontrés.
Chloé Chkair :Moi, j’ai aussi beaucoup apprécié le travail réalisé sur les scénarios, pour les rendre réalistes un maximum. Par exemple, quand l’utilisateur doit faire des choix, nous lui en proposons toujours trois afin d’éviter qu’il puisse penser qu’il y ait seulement un mauvais et un bon choix dans la vie. Nous souhaitons lui offrir plus de liberté dans ses choix pour davantage l’aider !
Enfin, pourquoi est-ce intéressant de pouvoir travailler sur un tel projet quand on est un futur ingénieur ?
Julien Panteri : Cela nous permet tout simplement de nous projeter sur ce qu’on pourrait faire plus tard, notamment quand on suit les cours d’une Majeure tournée vers la santé comme la nôtre. Le fait de pouvoir travailler avec des médecins sur une thématique rencontrant énormément de problèmes et un trouble concernant un très grand nombre de personnes, c’est vraiment très stimulant.
Chloé Chkair :Cela nous permet aussi de voir toutes les difficultés que rencontrent les praticiens comme les personnes touchées par ce trouble, mais aussi d’observer tous les côtés positifs qu’un tel projet permet de faire ressurgir. Et ça, ça ne peut que nous motiver encore plus à continuer dans cette voie !