Avec près de 160 000 personnes traitées en France et environ 25 000 nouveaux cas détectés par an (selon Santé Publique France, en 2015), la maladie de Parkinson reste un fléau handicapant grandement le quotidien des principaux concernés. Heureusement, de futurs ingénieurs comme Evan Goasdoué, Quentin Hallouin et Clotilde Lapeyre (ESME promo 2022) n’hésitent pas à penser de nouveaux dispositifs pour améliorer la vie de tous les jours des personnes atteintes de cette maladie. La preuve avec Drinky, un prototype que ces trois étudiants en 5e année de la Majeure Biomécanique & Robotique Médicale ont réalisé dans le cadre de leur projet de fin d’études. Lauréat des Master Projects 2022 dans la catégorie « Systèmes et Commandes », Drinky souhaite tout simplement aider les personnes souffrant de tremblements à boire en toute autonomie.
L’équipe de Drinky : Clotilde Lapeyre, Quentin Hallouin et Evan Goasdoué
Quel est le concept de Drinky ?
Quentin Hallouin : Drinky est un stabilisateur de verre pour les personnes atteintes de la maladie de Parkinson ou du tremblement essentiel, une maladie moins connue mais qui touche tout de même 1 personne sur 200 à travers le monde. En effet, en tant qu’étudiants de la Majeure Biomécanique & Robotique Médicale, notre projet de fin d’études devait s’articuler autour d‘une thématique en lien avec la santé, en l’occurrence la maladie de Parkinson. Après avoir effectué des recherches, nous avons appris qu’il existait déjà certains outils facilitant le quotidien des malades, à l’image de la cuillère stabilisatrice commercialisée par Liftware. Pour autant, rien n’existait encore sur le marché pour aider les malades à boire plus facilement. Nous avons donc décidé de développer ce projet !
Le dispositif s’adapte-t-il à n’importe quel verre ?
C’était notre objectif ! En fait, notre support de verre se compose d’un système d’iris mécanique doté d’une partie fixe, d’une partie rotative et de deux spatules. Cela permet d’adapter le stabilisateur à tous types de verre en théorie, de la pinte au verre à eau en passant par le verre à pied, le récipient maximum du prototype pouvant atteindre 12,5 cm de diamètre. Par contre, de par le système choisi, le prototype ne peut pour l’instant pas fonctionner avec des récipients dotés d’une hanse, comme les mugs ou les tasses.
Le prototype fonctionnel
Combien de temps vous a pris la réalisation de votre prototype ?
Cela nous a pris cinq mois pour atteindre ce résultat. Deux semaines seulement après le lancement du projet, nous avions déjà trouvé l’idée, ce qui nous a permis d’établir le cahier des charges et de se répartir les tâches. Nous avons ensuite tous les trois travaillé sans relâche pour, finalement, obtenir des résultats concrets une semaine avant la présentation des Master Projects ! C’était la pression jusqu’à la dernière ligne droite !
Avez-vous pu faire essayer Drinky a des personnes souffrant de la maladie de Parkinson ?
Malheureusement, non. Cela n’a pas été possible pour la simple et bonne raison que le produit est toujours en phase de développement : le prototype, bien que fonctionnel, doit encore être amélioré sur différents aspects, comme la capacité de ses moteurs ou tout simplement son poids actuel – il pèse environ 1 kilo sans le verre. Voilà pourquoi, pour faciliter l’ergonomie, nous souhaiterions pouvoir diminuer son poids en miniaturisant notamment les composants et augmenter le couple des moteurs. Cela nous permettrait, dans un futur proche, de le faire tester et, éventuellement, de le commercialiser par la suite. Une chose est sûre : nous souhaitons encore pouvoir poursuivre ce projet !
Comment s’utilise concrètement Drinky ?
La modélisation de la partie mécanique s’effectue via trois parties : la poignée, le support de verre et la « jonction » qui fait le lien entre les deux. L’utilisateur se saisit de la poignée et, via un interrupteur, enclenche le système pour stabiliser le verre. Une fois les prochaines modifications réalisées sur le prototype, le liquide à l’intérieur du verre restera toujours stable malgré les tremblements de la personne.
En tant que futur ingénieur, que vous a apporté le fait de travailler sur un tel projet ?
Drinky nous a permis d’explorer de nombreux domaines. À titre personnel, il m’a permis de découvrir et d’appréhender plusieurs logiciels, comme SolidWorks ou Arduino. Mais au-delà de l’aspect technique, ce genre de projet nous permet surtout d’être sensibilisés à cette maladie qui touche énormément de personnes… C’est d’ailleurs l’un des avantages de la Majeure Biomécanique & Robotique Médicale que de nous amener à faire des recherches sur des maladies pour imaginer des innovations. L’expérience a été très enrichissante !
Enfin, quel a été le plus gros défi à relever durant ce projet ?
Pour moi, cela a été la modélisation de la création mécanique du produit. Elle s’est faite en trois étapes. La première, c’était la création schématique sur papier, où il fallait réfléchir sur un modèle qui ne soit pas trop infantilisant. La deuxième, c’était la modélisation sur SolidWorks. Enfin, la troisième partie portait sur l’impression 3D de l’ensemble. Quand, après tout ce travail, on voit enfin le prototype prendre vie, cela fait énormément plaisir !